Festival de Besançon 2002
  vu par un Lyonnais

Rubriques rendez-vous ludiques, reportages

Les Lyonnais envahissent Besançon

Alain Bideau, le Président du Jury et Anna Garcia, membre du Jury sont lyonnais, mais cela ne pouvait pas suffire à représenter la Capitale des Jeux ! C'est donc en force que les Lyonnais ont parcouru les 250 kilomètres qui les séparent de la ville natale de Victor Hugo, dont on fétait cette année le bicentenaire.

Chantal, toujours sur la brêche
Chantal Raguenès

L'équipe complète de l'Escale à jeux était présente, ainsi que Ludovic Gimet (Ludo le Gars), Julie (celle qui laisse Ludo gagner à tous les jeux sauf à Shendao) et Thierry Langlais, l'animateur d'Histoire de Jeux. Malheureusement, d'autres villes avaient probablement été averties de cette invasion et avaient dépêché leur représentants. De fait, on trouvait dans le théâtre Kursaal, lieu du Festival, des concurrents et des visiteurs venus de toute la France, mais aussi de Suisse, de Belgique et des Pays Bas.

Tout ce petit monde était accueilli sur place par les organisateurs toujours souriants, Chantal et Albert Raguenès.

De fait, Besançon était l'occasion pour de nombreux joueurs qui ne se connaissaient souvent que par le biais des forums de faire enfin mieux connaissance autour d'un Perrier, et plus si affinité.

Ludo le Gars a fait la connaissance de Valéry Fourcade qui a essayé en pure perte de lui expliquer l'intérêt de Shendao. Ce que Valéry n'a pas compris, c'est que Ludo s'est fait battre par Julie à Shendao, ce qui grille définitivement le jeu !

Une rencontre d'acteurs du web : Régis Bonnessée qui anime l'excellent site www.hexagames.com rencontre Ludovic Gimet (Ludo le Gars), l'homme aux 1000 compte-rendus de parties.
Vous trouvez que ma photo fait un peu mise en scène ?

Les membres du Jury s'entraînent à choisir un vainqueur en choisissant un plat sur le menu très chargé du restaurant. De gauche à droite : le Niçois Jean Marc Radigois, Président de la MAJ, le bizontin Albert Raguénès, Président du Festival et Anna Garcia, directrice de la Maison de Jeux de St-Fons dans le Rhône.

Un grand choix de jeux et de créateurs

Comme dans tout concours sans présélection, on trouvait de tout… Les inventeurs du jeu révolutionnaire qui allait immanquablement supplanter les Dames ou le Monopoly ne manquaient pas. Bonne chance !

On dénombrait cependant plusieurs très bons jeux. Il ne faut cependant jamais perdre de vue qu'un bon jeu n'est pas forcément un jeu qui aura un succès commercial (et lycée de Versailles). La tâche des membres du Jury allait être rude.

Un mot sur l'organisation :

Les auteurs disposent de trois tables en ligne sur lesquelles ils présentent leur création. Chacun est autorisé à faire concourir un jeu, sous réserve de s'être inscrit assez tôt (la veille de la date de clôture c'est trop tard, n'est-ce pas Régis ?) Les auteurs qui ont déjà créé et édité un jeu en profitent pour essayer d'en vendre. Il faut bien payer le voyage qui revient assez cher avec toutes les tournées générales qu'il faut assumer au bar...

Le festival dure quatre jours, durant lesquels le public peut se faire expliquer les jeux et les essayer de 14h à 20h. Les auteurs sont reçus 10 minutes chacun par le Jury au complet au début du concours, pour éviter d'avoir à expliquer 9 fois la même chose.

Tous les auteurs sont dans la même salle, sur un strict pied d'égalité.

Des jeux de lettres et d'esprit

Illico Presto, de Matthieu d’Epenoux et Antoine Herboux joue sur le même esprit que Contrario. Vous devez trouver des expressions, des titres, des proverbes… qui contiennent un mot déterminé. Quelques indices servent à retrouver des expressions prédéterminées mais si vous savez convaincre le questionneur, vous pouvez aussi marquer des points avec une réponse non prévue par la carte.

Marie-France Segond présente Dengo-Duo, un jeu de lettres soigneusement réalisé, mais qui ne m'a pas convaincu.

Thierry Langlais, François Haffner et Jean-Louis Roubira s'essayent à Kirdy, un jeu de lettres de Philippe Contault. Le jeu a paru proche de Composio à certains joueurs. Ces joueurs sont pénibles : ils essayent toujours de trouver des ressemblances avec des jeux existants. Kirdy présente à mon avis un intérêt propre, mais peut-être pas suffisant pour en faire un jeu publiable.

 explique son jeu Plury One à Marie-Claire Schwery, la représentante suisse du jury. Il s'agit d'un jeu de communication, conçu par un professionnel de la communication. Timides, s'abstenir !

Des jeux "prise de tête"

J'ai perdu à Mana contre Claude Leroy. Un jeu comme je les aime : simple à mettre en œuvre, difficile à maîtriser. La pièce que vous déplacez en terminant sur une case impose le type de case d'où doit partir la pièce adverse. Vous pouvez donc contraindre un mouvement de l'adversaire. Le but est de faire mat le Grand Mana adverse.

J'ai par contre gagné contre Andrea Mainini à son jeu Ogemo. Il faut former des chaînes d'évolution dont les départs et les arrivées sont aléatoires à chaque partie. La qualité de réalisation est une constante chez Andrea qui a déjà gagné de nombreux prix avec des jeux totalement impubliables tant ils reviendraient chers. Ogemo est son premier jeu publiable, mais je préférais ses jeux précédents.

Mine de rien, Panier de Crabes de Gilles Chomel est un jeu passionnant pour qui aime la géométrie. Peut être un peu austère pour pouvoir être publié. Personnellement, j'ai aimé, car j'ai un faible pour tous les jeux à base de pentaminos !

Pierre papier ciseaux, du Belge Yves Colin, est une variation sur la prise triangulaire. Les pièces se déplacent en tournant de 60° autour d'un de leur sommet, sans pouvoir reculer. Une pièce peut donc atteindre la case voisine selon deux orie,ntations différentes. Il faut quelques parties pour assimiler le mouvement inhabituel des pièces. Je me suis fait massacrer.

Le Docteur Jacques Martin, membre du jury, se fait expliquer Pions par Axel de La Taille. Le jeu est basique mais totalement déroutant. Les pièces se déplacent en se retournant et peuvent rebondir si elles atterrissent sur une pièce de la même couleur. Tous les pions ont deux faces colorées. Une intéressante variation de l'Halma.

Quarrelo est un jeu tactique très étonnant de Thierry Beaufort. Lorsque la partie est terminée, il se transforme en dessous de plat ! Le même auteur a également réalisé des jeux en forme de lampes.

Anna Garcia joue à Dockers contre l'auteur Philippe Leurquin. Le jeu est aussi beau qu'il est intelligent. Au début de la partie, les caisses sont empilées au hasard pour former un bloc de 3 x 4 x 5 caisses. Puis chacun se voit attribuer une couleur. Il s'agit alors de ranger les caisses au sol en les basculant une à une. Chaque fois que des caisses de même couleur se retrouvent voisines, le propriétaire concerné (par forcément celui qui vient de jouer) reçoit des points de victoire. Les caisses de même couleur qui se touchent deviennent innamovibles. Expliqué en 3 minutes, le jeu peut provoquer des heures de bonheur. Une des découvertes majeures de ce Festival.

William Sémur présente depuis maintenant un peu plus d'un an sa création X-Plus. Le jeu très esthétique peut semble hasardeux mais s'avère en fait psychologiquement très intéressant. Il faut réaliser une ligne de 5 cubes identiques avant l'adversaire, mais vous ne voyez que votre côté de l'écran. Un peu de mémoire, un peu de tactique, un peu de bluff : un cocktail réussi.

Des jeux à thème

Je n'ai pas essayé Football de Nedjab Ghassemi. Le thème ne m'intéresse pas et j'ai été effrayé par les 15 pages de règles écrites tout petit. Un jeu réservé aux amateurs de football et de littérature...

Le plus beau jeu présenté était Vogue la Galère de Hornebeck-Paillier. Les bateaux pirates sont équipés de voiles et le tout est rangé dans une belle boîte en bois. Totalement impubliable mais beau à regarder. Je n'ai malheureusement pas eu le temps de l'essayer.

Aux sabords, de Didier PanthoutSabine Gomas et Johann Aumaitre était certainement le plus beau jeu édité présenté à Besançon. La qualité du jeu, le bonheur qui se lisait sur les visages des jeunes joueurs comme de leurs parents et le rapport qualité prix tout à fait raisonnable expliquaient que le stand ne désemplissait pas pendant les quatre jours de la manifestation. De nombreux exposants repartait d'ailleurs avec une boîte sous le bras le dimanche soir.
Une des révélations du Festival.

Fromagot est le premier jeu primé d'Alain Rivollet, le dynamique promoteur de l'AFPEJ. Jean Marc Tribet, Jean-Louis Roubira et Régis Bonnessée se font expliquer le jeu familial, simple mais amusant. Vos souris vont chercher des morceaux de fromage et essayent de les ramener dans leur repaire. Il faut parfois reposer des morceaux pour se protéger des chats que les adversaires lâchent contre vous.

Des jeux de cartes

Au Voleur ! est un jeu de Jean-Philippe Mars et Heindrick Van Oordt. Chaque joueur reçoit 2 additions, 2 soustractions, 2 multiplications et 2 divisions. Il reçoit aussi 8 cartes aléatoires allant de 1 à 6. Un premier nombre est retourné qui forme la valeur de départ. A chaque tour, il faut poser deux cartes, une opération et un nombre qui donnent un nouveau résultat. Le total ne doit jamais dépasser 60 et le jeu est terminé si on atteint 60. Très astucieux, le jeu a remporté un grand succès auprès du public.

Jean-Philippe Mars et Thierry Beaufort ont conçu la Bonne Bouffe. Il faut récolter les élément d'un repas gastronomique. De belles cartes, mais une lecture un peu difficile. Peut mieux faire...

Omega Century est un jeu de pose de cartes de Patrick Planchand. Vous devez être le premier à récolter le minerai qui sert à fabriquer les vaisseaux résistant aux voyages dans l'Hyper-Espace. Pour cela, vous créer des bases, équipez des vaisseaux, transportez le minerai, ... Une petite baston de temps à autre agrémente les journées qui sinon paraîtraient longues dans le froid sidéral. Très belle réalisation à surveiller de prêt.

Des jeux musicaux

Blind Test - Piano d'Antoine de Tournemire est un jeu de connaissances musicales. Il faut reconnaître des morceaux, des compositeurs…

Alain Caraco a entièrement revu la présentation de son jeu qui ressemblait trop à un Trivial Pursuit musical et ne le satisfaisait pas. Euterpe est maintenant présenté avec une méthode qui permet l'apprentissage progressif des notions essentielles de la musique. Pédagogique, certes, mais soigné et de qualité.

Des jeux familiaux

Alain Arhuero présente le Kytoo. Un jeu de parcours très bien présenté mais un peu répétitif. Deux règles sont possibles. La première se joue avec un dé et est plutôt réservé aux enfants. Le seconde laisse aux joueurs le choix de leurs déplacements : ils peuvent à chaque tour choisir l'un de leurs pions et le déplacer de deux ou trois cases.

 présente Mem'War, un jeu de mémoire pédagogique sur les lettres, les chiffres et même les connaissances littéraires. Son jeu Zen l’initié continue à rencontrer le succès habituel. Quel dommage qu'il soit aussi mal diffusé.

Le stand d'Yves Renou n'a pas désempli. Son nouveau jeu, La Vache amoureuse a attiré de nombreux joueurs, dont Ludovic Maublanc. Au mur, on peut voir quelques dessins de Fais pas l’âne qui sortira normalement à l'automne et est déjà très attendu. Yves est un personnage très attachant et la Boucle d'Or qu'il a gagné a été accompagnée de tonnerres d'applaudissements dont on ne sait s'ils étaient pour l'auteur ou pour le jeu, tant l'un et l'autre ont su conquérir le grand public comme les initiés.

Des jeux hors concours

Quelques jeux étaient présentés hors concours, soit qu'ils étaient déjà sortis, soit qu'ils n'étaient pas suffisamment prêts pour être présentés officiellement cette année.

Contrario est toujours plébiscité par le public. Les talents d'animateur de Matthieu d’Epenoux y sont aussi certainement pour quelque chose.

Tristan Convert présentait officiellement Imhotep, un jeu qui ne m'a pas convaincu mais qui devrait trouver son public. Son prototype Gellule (en photo ci-dessus) m'a par contre totalement bluffé. Est-il génial ? étais-je fatigué ? Toujours est-il que je me suis fait gaillardement massacrer plusieurs fois de suite.

Un des objets les plus convoités du Festival était la Table de bar Contrario (non livrée avec le jeu de base). C'est vrai qu'elle ferait bien sur ma terrasse...

La Malbouffe est le nom d'un jeu de Jean-Philippe Mars et Thierry Beaufort. Les plats les plus infects sont envoyés aux adversaires.

Des jeux récompensés

Madame Paulette Guinchard Kunstler, ancien Ministre et Vice-Présidente de l'Assemblée Nationale, remet la Boucle d'Or à Yves Renou.

De gauche à droite : des cheveux d'Anna Garcia, Chantal Raguenès (en rouge), une petite moitié de Michèle Lecreux, Patrick Luberne, le coude d'Albert Raguénès, Paulette Guinchard Kunstler, Marie Claire Schwery, Pascal Le Guern, Alain Bideau, Yves Renou, et Valéry Fourcade.

Les cinq lauréats : Claude Leroy, Boucle d'Argent pour ManaYves Renou, Boucle d'Or pour La Vache amoureuseValéry Fourcade, Boucle de Bronze pour KaskadAlain Rivollet, mention spéciale pour Fromagot et Philippe Leurquin, mention spéciale pour Dockers.

Alain Bideau présidait un jury qui s'est trouvé placé devant des choix difficiles mais qui a su nous livrer un palmarès remarquable. Il faudra quelques heures à Yves Renou pour redescendre du petit nuage où il se trouve. C'est pas le tout, mais il faut maintenant rentrer à la maison pour faire les foins…

Voir aussi

Ne pas confondre…

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François Haffner
9 juillet 2002